Le matador montois, malgré son échec, croit toujours en son avenir dans l'arène.


Le matador Mathieu Guillon n'est plus, mais son successeur, El Monteño, est né. C'est en substance ce qu'il faut retenir aujourd'hui du jeune torero montois qui a pris l'alternative en juillet dernier à Mont-de-Marsan, dans les conditions catastrophiques dont on se souvient (il n'a pas pu tuer son second toro, qui est rentré vivant au toril). Après avoir pris du recul pendant plusieurs mois après cet échec, après avoir longtemps réfléchi, il a décidé de continuer sa carrière, mais dans un autre esprit.

« Le jour de mon alternative, explique Mathieu, mon second toro est sorti vivant, alors que normalement j'aurais dû le tuer. Du coup, c'est l'inverse qui s'est produit : comme il est sorti vivant de l'arène, quelque part, il a tué ce que j'étais. Et quand on pense que je portais ce jour-là un habit noir, la symbolique est très forte. C'est le toro qui a tué le torero Mathieu Guillon. »

Son habit était noir

Le sentiment d'avoir été poursuivi par son destin, d'être parvenu au terme d'un parcours, a alors frappé le néomatador montois. Depuis, il a revu dans sa tête tout ce qui s'était passé et en a conclu qu'il fallait vivre la suite comme une nouvelle aventure. « Je pensais que lors de mon alternative, j'allais écrire une nouvelle page de mon livre, alors qu'en fait ce jour-là, je l'ai refermé, pour en ouvrir un autre. C'est pour cela que j'ai changé de nom, mais je ne veux pas que les gens croient que c'est pour me cacher, pour faire oublier ce qui s'est passé. Tout ce que j'ai appris jusque-là a marqué ma vie, ma carrière, mais à partir d'aujourd'hui c'est un nouveau départ, un nouveau chemin qui commence. »

Cet automne, Mathieu Guillon est allé au Mexique pour toréer. Il n'a pas eu de contrat dans une arène, mais il a pu tuer des toros en privé, dans des élevages réputés de ce pays, Barralva, Xajay, Célia Barbabosa. Une période de trois semaines, un mois d'entraînement.

Surtout, à Madrid, le jeune Montois (il a 21 ans) a rencontré plusieurs fois Maria Aguila de Domecq. Cette Française d'origine, veuve de Juan Pedro Domecq, est aussi une observatrice attentive de la vie et du monde des toreros. Elle conseille plusieurs matadors, et non des moindres, sur la conduite à tenir face à la peur. Des conseils de cette spécialiste, Mathieu est revenu réconforté, et persuadé qu'il a encore des choses à dire en matière de toreo. « Elle connaît les doutes des toreros, dit-il, leurs angoisses, leurs craintes et elle m'a fait partager tout cela. Depuis, j'ai entamé un travail important d'abnégation, de discipline, de travail physique aussi, avec une meilleure hygiène de vie. Surtout, j'ai compris que pour mon alternative je n'étais pas dans les bonnes dispositions. J'étais dans le déni, dans la vengeance, je voulais montrer au public qu'il se trompait dans son jugement sur moi. J'en avais perdu le plaisir de toréer. »

Aujourd'hui, une nouvelle peña s'est créée autour de Mathieu, la peña El Monteño, présidée par Alain Cazenave, de Léognan (33), qui le connaît depuis ses débuts à l'école taurine Adour Afición. Elle se prépare à faire tout ce qui est possible pour aider son torero. S'il croit toujours en son destin, elle sera à ses côtés. Pour le meilleur, ou pour le pire ?

Courriel : pena.elmonteno@sfr.fr ; blog : elmonteno.blogspot.com ­

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